43.

— Je n’arrivais pas à dormir…

— Quelle heure est-il ?

— Je suis désolée, il n’est pas encore cinq heures. Moins vingt, en fait. Vous m’en voulez ?

— Du matin ?

— Oh, bon sang ! Je vais vous laisser…

Elle tourna subitement les talons.

— Attendez. Attendez. Hé ! Arrêtez-vous !

Elle pivota à moitié. Ses cheveux étaient tout ébouriffés et elle avait les joues rouges, comme si elle venait de faire une promenade à cheval dans Central Park.

— Entrez… Je vous en prie, entrez, on va discuter. S’il vous plaît.

Une fois dans l’appartement avec elle, Carroll débarrassa en toute hâte la table de la cuisine et prépara du café. Caitlin s’assit, tordant nerveusement ses longues mains. Elle ouvrit un paquet de cigarettes et en alluma une. Lorsqu’elle parla, sa voix était rauque, légèrement différente de son timbre habituel.

— J’ai passé des heures à fumer, ce qui ne me ressemble pas. Je n’arrivais pas à dormir. Je n’arrêtais pas de faire les cent pas dans mon appartement. Toutes ces informations sur les actions volées me trottaient dans le crâne…

Carroll secoua la tête pour chasser de son esprit les dernières traces de son cauchemar et revenir dans le présent.

— Green Band bouge, fit Carroll. Sauf que nous ne pouvons pas présager de la direction qu’ils prennent.

— C’est l’une des choses qui me tracassent, admit Caitlin. Et puis je voudrais bien savoir combien ils ont volé et quelle est l’étendue des dégâts. Mes derniers calculs atteignent un montant qui avoisine les deux cents millions, mais Dieu seul sait à combien s’élève la totalité des titres qui ont véritablement disparu. (Elle poussa un soupir et écrasa son mégot d’un geste impatient.) D’autre part, je suis encore très contrariée de ne pas avoir été conviée à cette réunion à la Maison-Blanche. Ils pensent sincèrement que je n’ai rien à apporter dans cette enquête ?

Carroll ne l’avait jamais vue dans cet état. Il avait l’impression de la surprendre sous plusieurs jours différents : elle était fâchée, elle était inquiète et elle semblait également perdue. Soudain, Caitlin Dillon n’était plus si intouchable que cela.

Vers cinq heures et demie, ils firent cuire des viennoiseries surgelées – les seules denrées à peu près comestibles que Carroll avait dans sa cuisine.

— Quand j’avais douze, treize ans, j’ai gagné un concours de pâtisserie dans une foire dans l’Ohio, révéla Caitlin en sortant les petits pains du four.

Ils s’installèrent dans un recoin vitré qui donnait sur le fleuve et la ligne de falaises du New Jersey. Un mur entier de la pièce était couvert de photographies trente-cinq millimètres des enfants. Il y avait un seul cliché, aux couleurs passées, de Carroll, en costume de sergent pendant la guerre du Vietnam. Cela faisait seulement quelques semaines qu’il avait décroché les dernières photos de Nora.

— Hum, délicieux, fit-il en léchant des miettes collées sur son index et son majeur.

Caitlin leva les yeux au ciel.

— Le contenu de vos placards de cuisine ne m’impressionne guère, Arch. Quatre bouteilles de bière et un pot de beurre de cacahuètes à moitié vide. Vous n’êtes pas au courant ? Le New-Yorkais d’aujourd’hui est un fin cuisinier.

Carroll songea que les amis de sexe masculin de Caitlin étaient peut-être des cordons-bleus mais que le plat le plus compliqué que les « New-Yorkais d’aujourd’hui » de son entourage à lui savaient préparer était une soupe de tomates.

— Qu’y puis-je ? Au fond, je suis un ascète. D’ailleurs, le beurre de cacahuètes qui se trouve dans mon placard est allégé.

Une expression différente passa fugitivement sur le visage de Caitlin. Un sourire ? Carroll n’était pas certain de savoir l’interpréter. Se moquait-elle de lui, à présent ?

Puis le visage de la jeune femme s’éclaira d’un sourire rassurant, chaleureux et complice.

— Je pense qu’il va nous falloir au moins une heure, déclarat-elle d’un air mystérieux. Sans interruption. Isolement total, téléphone décroché et tout à l’avenant. Vous n’aviez rien prévu d’important dans la matinée, j’espère ?

— Dormir, c’est tout…

— Quel ennui ! C’est peut-être vrai, que vous êtes un ascète, après tout…

Carroll haussa ses larges épaules ; ses yeux brûlaient de curiosité.

— Je suis quelqu’un d’ennuyeux, en réalité. Papa, parfois maman de quatre enfants ; un boulot sérieux dans la fonction publique ; quelques rares contacts avec des terroristes…

Caitlin et lui désertèrent le recoin vitré dans un silence à couper au couteau. Ils s’éclaircirent la gorge presque en même temps.

La jeune femme tendit le bras vers lui et ils se tinrent délicatement, presque imperceptiblement, par la main.

Carroll prit soudain intensément conscience du parfum de Caitlin, du bruissement de son jean quand elle marchait, de son profil…

— C’est l’un des appartements les plus impressionnants que j’aie jamais vus, ici, à New York. Je ne m’attendais vraiment pas à cela. À ce côté cosy, à ce charme…

— Vous vous attendiez à quoi ? À trouver des fusils de chasse décorant les murs ?… En fait, je couds. Je tricote, aussi. Je fais des transferts au fer à repasser pour mes quatre petits enfants…

Caitlin ne put s’empêcher de lui sourire à nouveau.

Une certaine ironie mais aussi une chaleur bienveillante se lisaient dans ses yeux. Il eut le sentiment qu’une barrière venait de tomber entre eux, qu’un lien un peu plus fort venait de se créer. Il n’était cependant pas sûr d’en connaître la nature.

Ils commencèrent à s’embrasser et à se caresser du bout des doigts dans le couloir étroit. Leurs premiers baisers étaient doux. Puis ils se firent plus fougueux et, de la part de Caitlin, empreints d’une certaine fièvre.

Ils s’embrassèrent jusqu’à la chambre de devant, inondée de lumière matinale. D’immenses fenêtres sans rideaux donnaient sur l’Hudson, qui, ce matin-là, ressemblait à un lac gris ardoise étal.

— Caitlin ?… Est-ce que c’est bien raisonnable ?…

— C’est tout à fait raisonnable. Ce n’est pas la fin du monde, tu sais. C’est juste un matin. Je te promets de ne pas me faire de mal. Si tu me le promets aussi.

Elle posa un doigt sur la bouche de Carroll. Pour adoucir l’impact de ses dernières paroles.

— J’ai une petite faveur à te demander. Ne pense plus à rien pendant une dizaine de minutes. Et pas de blagues sur l’Ohio non plus. Tu veux bien ?

Carroll acquiesça d’un signe de tête. Elle était fine, à ce jeu-là aussi. D’une finesse un peu effrayante. On la sentait aguerrie… Je ne me ferai pas de mal ; garde-toi de t’en faire.

— D’accord, consentit-il. C’est toi qui fais les règles.

Ils restèrent quelques instants enlacés, assis sur le grand lit bas recouvert d’un édredon. Puis, très lentement, ils entreprirent de se déshabiller. Un courant d’air glacial s’infiltra dans la chambre par les battants entrouverts de la fenêtre ; l’air froid semblait souffler directement à travers les hautes vitres.

Carroll se sentait totalement transporté, physiquement et spirituellement. Et angoissé. Cela faisait trois ans qu’il n’était pas sorti avec une femme. Cela faisait si longtemps qu’il n’avait pas vécu cela. Il éprouvait une légère culpabilité, comparant mécaniquement et involontairement Caitlin à Nora.

Les mains de Caitlin étaient extraordinairement expertes et douces. Il sentit que tout en lui commençait à se détendre.

Le contact des doigts de la jeune femme sur le haut de son dos lui évoquait d’élégantes plumes. L’effleurant. Lui époussetant la nuque. Effectuant des cercles lents. Sur ses tempes. Jouant doucement avec ses mèches brunes.

Il se rappela qu’il était chatouilleux sur les flancs. Il l’était depuis son enfance.

Encore ce toucher duveteux. Les doigts de Caitlin remontant et descendant l’intérieur des jambes de Carroll…

Puis les talons, la plante des pieds, les orteils…

Puis tout s’accéléra, légèrement au début.

Son corps fut subitement pris de spasmes. Nom de Dieu !

Caitlin lui faisait des choses insoupçonnées.

Elle souffla doucement sur l’intérieur de ses mains avant de poser ses doigts chauds sur les paupières de Carroll puis sur ses oreilles.

Elle lui dit, d’une voix presque aussi caressante et sensuelle que ses mains :

— Ça s’appelle un massage frisson. Crois-le ou non, c’était très en vogue dans ma petite fac d’Oberlin.

— Ah bon ? Tu fais ça bien, en tout cas.

— Ah… Tu me fais rougir… Ma folle jeunesse dans des champs de maïs depuis longtemps oubliés du Midwest…

Il commençait à bien l’aimer.

Peut-être même à beaucoup l’aimer.

Il ignorait s’il devait se l’autoriser, si c’était véritablement raisonnable.

Elle lui effleura de nouveau les jambes… de nouveau le dos… la nuque, le scrotum.

Carroll se liquéfiait, littéralement.

Elle approcha alors son visage tout près du sien.

— Souris pour la photo, Arch, chuchota-t elle. Mon cœur est pur, mais j’ai parfois l’esprit très mal placé.

Tout en caressant Carroll, en l’effleurant, en le titillant, Caitlin avait, à un moment ou un autre, ôté son jean et son chemisier. Elle portait encore une culotte rose et des chaussettes en laine qui lui arrivaient aux genoux. Ses seins étaient dotés des plus ravissants mamelons qui soient. Pour l’heure pointés, gonflés par l’excitation.

Elle en frotta un, puis l’autre, sur le bout du pénis de Carroll.

Celui-ci se rappela soudain ce qu’elle lui avait déclaré, un peu plus tôt, dans le recoin vitré. Cela le fit sourire, il faillit rire aux éclats. Il va nous falloir au moins une heure.

Le temps était à présent suspendu ; les impératifs de l’enquête sur Green Band n’existaient plus. Carroll songea qu’il avait confiance en Caitlin Dillon et c’était une pensée confortable et merveilleuse… Comment était-ce possible, après si peu de temps ?

— Parle-moi de toi. Ce qui te vient en premier. Sans rien censurer, d’accord, Carroll ?

Porté par le rythme continu de ses doigts, le léger gazouillis des ressorts du lit, les rayons dansants du soleil matinal, Carroll dit la vérité, sa vérité :

— L’histoire de ma vie, alors. Elle tient en trente secondes environ… Quand j’étais gamin, j’ai longtemps voulu jouer dans l’équipe des Yankees, voire peut-être, peut-être, dans celle des Giants. Fils de flic. D’un flic honnête et pauvre. Famille catholique irlandaise du West Bronx. Voilà mon enfance. Notre Dame… Études de droit à l’université du Michigan. Puis enrôlé. Quatre gosses absolument géniaux. Un mariage plutôt parfait jusqu’à la disparition de Nora. Expression de la bourgeoisie signifiant : elle est morte. Je suis très différent quand je suis avec mes enfants. Infantile et libre. Limite arriéré mental… Hum !… Hou… Ça, c’est très agréable. Oui, juste là. Spécialité de l’Ohio, c’est ça ?

— Tu te disperses, là. Tu étais en train de me raconter l’histoire de ta vie. La version condensée pour le Reader’s Digest.

— Ah, ouais… J’ai un problème récurrent. Un gros problème… avec eux.

— Qui ça, eux ?

Arch Carroll éprouva soudain un pincement aigu. Pas maintenant. Il refoula la tension.

— Juste eux… Ceux qui prennent toutes les décisions capitales… Ceux qui volent les gens sans le moindre scrupule. À Wall Street, à Washington. Ceux qui échangent des terroristes assassins contre d’innocents hommes d’affaires kidnappés. Les méchants. Par opposition à… nous.

Caitlin embrassa tendrement les boucles brunes de Carroll ; elle embrassa son oreille en chou-fleur. Elle finit par arriver à sa bouche, au goût agréable, pensa-t-elle. Un goût frais et sucré.

— Je ne les aime pas non plus. Je pense comme toi. Je crois que je nous aime bien. Aime-moi un peu, s’il te plaît.

— Je peux essayer, c’est tout, Caitlin. Tu es belle. Tu es spirituelle. Tu as l’air incroyablement sympa. Je vais essayer de bien t’aimer.

— Maintenant, à moi. À ton tour… murmura-t-elle.

— Qu’est-ce que tu es exigeante !

— Très doucement, Arch… On ne t’a jamais appelé Archie ?

— Ceux qui ont essayé n’ont jamais recommencé.

— Oh le vilain gros dur, roucoula-t-elle.

— Grrrr ! Je suis un flic.

Carroll se souleva lentement, en appui sur les mains puis sur les genoux. Il avait une très forte érection, presque douloureuse.

Dès qu’il posa la main sur elle, Caitlin rentra le ventre. Puis elle se détendit progressivement. Elle contracta ses muscles abdominaux puis elle les relâcha.

Elle contrôlait sa respiration, retenant son souffle pendant plusieurs secondes. Son pouls était lent, c’était celui d’un coureur…

Elle ferma les yeux. Ses yeux si rieurs. La vie était douce, en sa compagnie.

Le pouls de Carroll battait à tout rompre. Il ne s’était jamais retenu de jouir aussi longtemps de toute sa vie ; il n’avait jamais été excité de la sorte. La tête se mit à lui tourner.

— Attends, s’il te plaît. D’accord ? lui demanda Caitlin à voix basse.

Elle était agitée de légers spasmes.

— J’essaye…

— Attends… un peu… Arch ?

Le cerveau de Carroll était en ébullition, son corps une boule de nerfs à vif – il flottait, flottait, flottait. Il pénétra – enfin – Caitlin. Elle baissa lentement, très lentement, les paupières. Sa bouche s’ouvrit. De plus en plus grand. Elle avait un visage si adorable pendant l’amour. Elle donnait impression de sourire continuellement…

Elle ouvrit brusquement les yeux, le regarda, et il se sentit incroyablement bien. Désiré à nouveau. Indispensable à quelqu’un.

— Salut, Arch. Bienvenue à bord !

— Salut toi-même ! Charmé de cet accueil chaleureux.

Le rythme de leurs mouvements s’accéléra. La chevelure brune de Caitlin dansait d’avant en arrière. Ses boucles s’étalaient sur oreiller, le frôlaient, roulaient majestueusement sur son visage, cachaient les yeux de Caitlin.

Carroll se cambra de façon si spectaculaire qu’il manqua de se inverser en arrière. Il frémit, vibra et hurla son prénom si fort qu’il en fut gêné :

— Caitlin !

Il éprouvait une succession de sensations totalement nouvelles… Il répéta son nom :

— Caitlin.

Vendredi Noir
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